Le poids de la grâce VS. le poids de la culpabilité

Il y a quelques jours de cela, à l’occasion de Vendredi Saint, mon église a eu la belle idée d’organiser un temps de communion en live. Nous étions plus d’un millier derrière nos écrans, pain et vin à côté de nous, prêts à vivre ensemble un moment profondément beau et solennel. Une image digne d’un reportage super émouvant, flanqué d’une petite musique qui va bien en fond. Et pourtant… quelques minutes avant d’allumer mon ordinateur pour louer Dieu avec d’autres, je me montrais dure avec ma sœur et irrespectueuse envers ma mère. Moins joli. Moins sympa.

Le boulet de la culpabilité

Alors naturellement, quand les premiers accords de guitare ont lancé le live, j’ai eu du mal à me tenir devant Dieu — comment l’aurais-je pu, je venais de m’en montrer si indigne ? À mes yeux, oser m’adresser à lui, comme ça, avec la même bouche qui venait d’utiliser des mots injustes, ça frisait l’hypocrisie.

Déjà adolescente, je me souviens traîner la culpabilité derrière moi comme un vieux boulet. Impossible de me mettre à prier le soir, par exemple, si je n’avais pas été assez « spirituelle » dans la journée (c’est-à-dire, souvent). Impossible de me laisser aller complètement à la joie ou au repos si je n’avais pas eu le sentiment de l’avoir vraiment mérité.

C’est peut-être là tout le piège de la culpabilité devant Dieu : le mérite. Croire que pour m’approcher de Dieu, je dois avoir été impeccable, sans faute, parfaite. Ce boulet m’a fait perdre un temps fou, pour tout un tas de choses.

Le bon côté de la culpabilité

Mais… ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain (je m’exprime comme une mamie ?) : la culpabilité a son bon côté. Comme toutes les émotions, elle agit comme un indicateur — voire comme un véritable garde-fou. Si utiliser des mots durs avec ma sœur et ma mère ne m’avait fait ni chaud ni froid, le problème aurait été bien plus difficile à déraciner. En fait, le cœur de la culpabilité, c’est le — très salutaire — remords. Si je veux abandonner mes mauvais penchants ou apprendre à vivre avec mon humanité et celle des autres, je ne peux pas me permettre de l’éviter.

Le piège, c’est quand la culpabilité est gardée en soi si longtemps qu’elle se transforme en honte. Et la honte me fait penser que « ce que je suis ne va pas », à l’inverse du remords, qui me fait plutôt dire que « ce que j’ai fait ne va pas ».

Vous voyez la différence ?

Laisser la Grâce prendre le relais

C’est là que la Grâce prend le relais, si je la laisse faire. C’est là qu’elle s’invite au milieu du bazar et dépoussière les choses que j’aurais préféré cacher — hey, qui a dit que le processus était agréable ? Mais, miracle, miracle, miracle : la Grâce ne jette rien, elle transfigure tout; elle fait des faiblesses son œuvre favorite.

Tu ne sais pas quand t’approcher de Dieu ? Précisément maintenant, quand rien n’est joli.

Tu ne sais pas comment le faire ? Avec assurance.

« Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins », nous a murmuré Dieu à travers l’auteur de l’épître aux Hébreux.

Et si tu hésites encore par peur d’un Dieu qui aurait honte de toi… Je te laisse avec l’un de mes passages préférés : « Car l’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi un guerrier qui te sauve. Il sera transporté de joie à ton sujet et il te renouvellera dans son amour pour toi. Oui, à cause de toi, il poussera des cris de joie, et il exultera tout comme aux jours de fête. » (Sophonie 3.17)

Imagine : des cris de joie à cause de toi. Nous avons un Père qui ne fait définitivement pas dans l’austérité. Il est comme ça. Il aime à s’exprimer de manière extravagante, comme peuvent le faire les parents un peu gagas et un poil gênants devant leur enfant… c’est de l’amour haut en couleurs, qui ne tarde jamais à célébrer nos avancées bien ordinaires.

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