Rester petite, vaincre grand

C’était en primaire — en CP, je crois —, je devais aller au tableau pour y relier à la craie des mots déjà écrits, manifestement trop hauts pour moi. Je me souviens avoir allongé mon corps tout entier pour atteindre le mot le plus haut, en prenant bien soin de rester les talons cloués au sol. Il ne fallait surtout pas que l’on s’aperçoive de mes efforts. Personne ne devait comprendre que j’avais du mal à l’atteindre. Et miracle : le bout de ma craie a pu toucher le mot redouté. Un sourire contenu se forma sur les coins de ma bouche quand j’entendis le garçon le plus grand de la classe chuchoter, du premier rang : “Wahou, elle est grande !

C’est toute fière que je regagnais ma place.

Et c’est avec une tendresse amusée que je voudrais aujourd’hui dire à la petite fille que j’étais — car oui, ne m’en déplaise, je l’étais : “Oh, Estelle. Un jour tu apprendras l’audace de rester petite.”

 

Qu’est-ce que ça veut dire ?

L’audace de rester petite… ok, l’idée sonne bien sur le papier, mais ça veut dire quoi dans ma vie de tous les jours ? Est-ce que je suis supposée croire que ça suffira, quand de vrais défis toqueront à ma porte ?

Vous voyez, il y a cette petite vérité qui change tout : quand un défi devant moi me semble trop grand, je peux commencer par admettre qu’il est trop grand pour moi, pas pour Dieu. Je peux lever les talons du sol, demander une chaise, dire : « Je ne peux pas toute seule ».

« Ça va être bien plus dur que je ne pensais. »

Le véritable enjeu, c’est de faire un choix conscient. Celui que David a dû faire face à Goliath (eh oui, forcément, cette histoire allait se retrouver dans cet article) : est-ce que je vais accepter l’armure de Saül pour avoir l’air plus fort et imposant — même si elle n’est pas à ma taille — ou est-ce que je vais m’en tenir à ma fronde et ma foi ? Est-ce que je vais essayer de me hisser à la hauteur de mon défi à coups d’efforts acharnés, ou avancer avec confiance ? C’est vrai : si je suis petite, je sais néanmoins que mes pas sont dirigés par Lui, que je suis née pour un temps comme celui-ci et qu’Il est Dieu. Je peux rester tranquille.

 

La croissance ne s’arrête jamais

La merveilleuse, merveilleuse nouvelle, c’est que si un défi est supposé être le nôtre, rien ne nous l’enlèvera. La promesse qui s’y attache reste la même, que l’on se sente à la hauteur ou pas.

Vous avez déjà entendu ou dit cette phrase : « Je suis en pleine saison d’étirement. Dieu m’étire, il me challenge dans telle ou telle sphère de ma vie » ? La vérité, c’est qu’il n’y a pas de saisons d’étirement, il n’y a que des vies étirées. Si on veut choisir Dieu à tous les coups, la croissance ne s’arrête jamais — même si oui, heureusement, certaines saisons sont plus douces que d’autres.

Alors, je nous souhaite de nous retrouver face à des défis trop grands pour nous tout au long de notre vie. Ils seront gages de croissance et d’une connaissance de Dieu toujours plus profonde. Je nous souhaite d’expérimenter cette paix qui n’a aucun sens, de vivre la joie incompréhensible de l’abandon à Dieu quand nos limites commencent. De remporter ces victoires que personne ne croyait possibles — à part nous-même peut-être, qui connaissons intimement la valeur du combat devant nous.

Aie l’audace de rester petit(e). Ne cache pas tes manques. Ton secours arrive.

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Arrêter ses études : une décision sage ?